Ce qu’on ne voit pas, on finit par croire que ça n’existe pas
Imagine grandir en feuilletant des magazines, en regardant des publicités, en parcourant Instagram… et ne jamais voir quelqu’un qui te ressemble vraiment. Pas seulement dans les traits du visage, mais dans l’allure, la posture, la façon de vivre ta féminité et ta pudeur.
Quand on est musulmane, racisée et petite, on navigue souvent entre deux mondes : trop grande pour rentrer dans les cases de l’enfance, pas assez “conforme” pour être pleinement incluse dans celles des adultes.
Résultat : on se sent en décalage, parfois même invisible.
Et pourtant… la première fois que tu vois une femme comme toi, dans un contexte valorisant, quelque chose se passe. C’est comme si ton cœur reconnaissait une vérité qu’il attendait depuis longtemps : oui, tu existes dans cet espace-là, et oui, ta présence y est légitime.
L’absence qui blesse plus qu’on ne le dit
Depuis l’enfance, on t’a sûrement répété qu’il fallait “s’inspirer des modèles”. Mais comment faire quand aucun modèle ne t’inclut vraiment ?
Les défilés de mode présentent des silhouettes longues, blanches, ultra-minces, vêtues de pièces qui, bien souvent, ne correspondent pas à tes valeurs ou à ton quotidien.
Les grandes enseignes ne pensent ni à ta taille, ni à ton besoin de confort, ni à ton style de vie.
Quant aux héroïnes de films ou de publicités, elles ne portent pas ton voile, ne vivent pas tes réalités, ne reflètent pas ton univers.
Petit à petit, ton cerveau finit par enregistrer un message silencieux : dans cet univers-là, tu n’existes pas. Cette absence n’est pas neutre : elle sculpte, en creux, l’idée que ta différence est un obstacle, et non une richesse.
Quand l’invisibilité devient un poids intérieur
Ne pas se voir représentée, ce n’est pas juste un problème esthétique.
C’est une blessure identitaire.
Cela peut provoquer une sensation d’illégitimité qui s’infiltre dans ta vie quotidienne : “Suis-je vraiment à ma place ici ?”
Cela peut nourrir un sentiment d’imposture : “Si je réussis, est-ce juste un hasard, une exception ?”
Et parfois, cela pousse à s’effacer ou à se conformer à des codes qui ne sont pas les tiens, juste pour être acceptée.
Même entourée de professionnels, j’ai la sensation de devoir prouver que, oui, on peut être élégante ainsi. Le problème n’est pas mon style, mais le fait que je n’avais jamais vu, avant, ce type d’image dans un contexte valorisant.
Le déclic visuel : quand la représentation existe
Et puis un jour, tu tombes sur une campagne photo.
Une femme comme toi, petite, voilée, racisée, se tient droite, confiante, lumineuse. Ce n’est plus un concept abstrait : c’est une preuve vivante que cette image peut exister. Ton cerveau enregistre une nouvelle donnée :
“C’est possible. Et c’est beau.”
À partir de ce moment-là, tout change. Ce n’est plus toi qui t’adaptes à un univers qui t’exclut, c’est l’univers visuel qui commence à t’inclure. Tu peux te projeter dans tes rêves, non pas en effaçant qui tu es, mais en t’appuyant dessus.
L’effet miroir et la permission d’exister
Voir des femmes comme toi, ce n’est pas simplement agréable. C’est un acte qui transforme la perception que tu as de toi-même. Tu réalises que tu n’es pas “hors norme” : tu fais partie d’un collectif, d’une esthétique, d’une identité qui a sa place.
C’est aussi un effet de permission. Tu comprends que tes choix vestimentaires n’ont pas besoin d’être justifiés. Qu’ils sont légitimes. Qu’ils peuvent même inspirer d’autres femmes.
Et c’est là que la représentation dépasse la simple image : elle devient un moteur de confiance, un ancrage.
La mode comme espace de résistance
La mode, telle qu’elle est pensée par les grandes marques, reste prisonnière d’archétypes étroits et datés. Elle continue à mettre en avant un corps unique, une silhouette dominante, une façon limitée de concevoir l’élégance.
Mais imaginer une mode différente, c’est déjà y participer. Une mode où les campagnes photo incluent toutes les tailles, où les looks modestes sont intégrés sans caricatures, où les vêtements respectent les morphologies réelles plutôt qu’un standard irréaliste.
C’est exactement la vision qui guide Maison Yuna. Nos créations ne cherchent pas à te transformer pour correspondre à un moule : elles s’adaptent à toi, à ton corps, à ta façon de bouger, à tes valeurs.
Mon engagement avec Maison Yuna
Quand j’ai lancé Maison Yuna, je n’ai pas attendu que les grandes marques décident de nous représenter.
J’ai voulu créer un espace où les femmes petites, musulmanes, modernes et élégantes peuvent se voir. Où leurs choix ne sont pas réduits à une niche, mais célébrés comme une expression à part entière de l’élégance. Chaque pièce que je conçois est une invitation à te regarder dans le miroir et à te dire : “Oui, ça, c’est moi.”
Et si on commençait aujourd’hui ?
Changer les images autour de nous ne demande pas toujours un grand geste. Parfois, il suffit d’assumer son style dans la rue, de partager des visuels qui nous reflètent, de soutenir les marques qui nous représentent.
Parce qu’à chaque fois que tu te montres telle que tu es, tu deviens cette image inspirante pour une autre femme. Et un jour, une jeune fille petite, pudique et moderne, te verra et se dira : “Si elle peut, moi aussi.”
Rejoins le mouvement
Abonne-toi à la newsletter Maison Yuna pour recevoir des conseils de style, des inspirations et les coulisses de notre univers.
Pour aller plus loin
