Depuis quelques années, les femmes musulmanes sont de plus en plus visibles dans l’espace public, et avec elles, une nouvelle manière de penser la mode. Pourtant, un préjugé tenace persiste : porter une jupe longue ou un vêtement couvrant serait forcément le signe d’une soumission.
Mais à bien y regarder, que cache vraiment cette idée reçue ?
La jupe longue comme symbole… d’émancipation
Choisir de porter une jupe longue, un pantalon ample ou une robe fluide n’est pas une soumission à une autorité extérieure : c’est un acte assumé. Un acte de liberté. Car dans une société qui associe la valeur des femmes à leur apparence, leur sexualité ou leur « capital désirabilité », s’habiller avec pudeur peut être une manière de se réapproprier son corps. Une manière de dire : « Je ne m’habille pas pour plaire, mais pour être bien dans ma peau. »
Pourquoi cette tenue dérange ?
Ce qui dérange, ce n’est pas tant le vêtement long que ce qu’il symbolise. Dans l’imaginaire collectif occidental, la femme libre est souvent décrite comme celle qui montre, qui séduit, qui assume sa sensualité. La pudeur est considérée comme une censure. Or, cette lecture est profondément biaisée.
Quand une femme s’habille sobre, elle met en lumière une autre forme de puissance : celle du refus d’être réduite à un corps à consommer.
Et ce refus, dans un système saturé d’images, de chair et d’ultra-mis en scène, c’est presque révolutionnaire.
Repenser l’élégance
S’habiller modestement, ce n’est pas renoncer à l’élégance. C’est justement en redéfinir les contours.
L’élégance n’est pas dans le décolleté, la mini-jupe ou la coupe moulante. Elle est dans la posture, le choix des matières, des coupes fluides, du tombé parfait. Elle est dans la façon dont un vêtement souligne une allure sans dévoiler.
L’élégance ne veut pas dire se dévoiler
Elle peut être sobre, poétique, minimaliste, racée. Elle peut être moderne sans être agressive. Sensuelle sans être sexualisée. Elle peut aussi être pudique sans être passive.
La jupe longue, un héritage réinventé
Il y a un siècle, porter une jupe longue n’était pas un signe religieux, c’était juste la norme. Ce n’est que dans un contexte post-moderne, ultra-sexualisé et fortement influencé par l’industrie de la mode, que le vêtement couvrant est devenu suspect.
Or, ce qu’on oublie souvent, c’est que la neutralité a elle-même été construite. Depuis l’époque des Lumières, le blanc, le beige, la pureté et la « sobriété occidentale » présentés comme neutres, universels, rationnels, en opposition à tout ce qui est exotique, féminin, ou spirituel.
Aujourd’hui encore, certaines palettes, certaines coupes ou certaines manières de se vêtir sont « modernes », tandis que d’autres sont « rétrogrades », sans que l’on prenne le temps de déconstruire ces hiérarchies culturelles.
Mais les temps changent.
De plus en plus de femmes refusent qu’on les définisse par ce qu’elles montrent ou non. Mais visibles pour ce qu’elles sont, pas pour ce qu’elles révèlent.
Pour aller plus loin :
A lire : Repenser les visuels : modernité, audace et pudeur dans la mode
Et toi ?
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